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Le Centre de
Primatologie (CDP) a été installé au sein des 49 hectares du Campus du
C.I.R.M.F dès sa création dans les années 1980. Le CDP est devenu, dès
sa mise en fonction, l'un des centres de primatologie les plus
performants du continent africain par sa taille et la diversité des
espèces qui y sont accueillies. Les moyens humains et techniques mis à
disposition ont permis le développement de protocoles biomédicaux,
vétérinaires et éthologiques dont l’intérêt est reconnu sur le plan
international. Ces recherches s’intéressent à la santé des singes, d’une
part pour développer des stratégies de lutte dans un cadre de
conservation, mais également dans le cadre de la santé publique en
évaluant le risque de passage de maladies entre l’homme et l’animal.
Près de 400 primates, pour la plupart originaires du Gabon, (chimpanzés,
gorilles, mandrills, cercopithèques à queue de soleil, mangabeys à
collier blanc, hocheurs, moustacs), du reste de l’Afrique (vervets) ou
d'Asie (macaques rhésus et macaques cynomolgus) sont élevés dans ce
centre dédié à la recherche.
Selon les besoins, les animaux peuvent être accueillis selon
trois types d’hébergement :
- en cage individuelle dans des bâtiments de haute sécurité type A2 et
A3 (quarantaine ou périodes courtes de protocoles biomédicaux)
- en « volières » collectives pouvant héberger jusqu’à une dizaine d'individus
- dans quatre enclos de semi-liberté répartis sur douze hectares de
forêt. C’est ici que plus de la moitié des primates du Centre est
hébergée.
Les équipements médicaux de ce Centre sont comparables à ceux d'un
hôpital de la sous-région (salle de soins, salle de chirurgie, salle d'imagerie
médicale) et permettent la réalisation de l'ensemble des soins médicaux
ou chirurgicaux nécessaires. Les primates sont soumis annuellement à un
contrôle sanitaire et leur population est régulée par un programme de
maîtrise de la reproduction.
Un personnel expert, formé d’une vingtaine d’agents, est présent
en permanence sur le Centre. Les soins apportés aux primates sont
assurés par trois vétérinaires Gabonais et Français, secondés par deux
assistantes de bloc. La surveillance, l’entretien des structures et
l’alimentation des animaux sont assurés par une douzaine d’animaliers
dirigés par un chef animalier et deux adjoints. Dans ses missions, le
CDP forme de jeunes Gabonais au métier d’animalier (stagiaires pour des
périodes de deux à six mois) en l’absence d’une école nationale de
formation.
Le CDP fait un effort important depuis près de dix ans pour
améliorer les conditions de captivité des primates qu'il élève. Pour
l’équipe, le suivi comportemental des individus est devenu aussi
important que celui de leur santé. Ainsi, l’hébergement collectif est
priorisé, l’enrichissement du milieu est quotidien (alimentaire et
structural) et des séances de training (technique de renforcement
positif afin de solliciter la coopération individuelle) ont été mises en
place pour permettre des examens médicaux simples sur animaux vigiles.
MOYENS
La salle de soins
Les animaux lorsqu'ils sont malades ou bien lors du contrôle
sanitaire annuel sont amenés en salle de soins.Toutes les manipulations
des primates se font sous anesthésie générale (contention chimique à
l'aide de kétamine) afin de minimiser le stress des animaux et les
risques de morsure pour les opérateurs. L'anesthésique est administré à
distance grâce à des fléchettes propulsées par une sarbacane. Une fois
par an, chacun des primates du centre bénéficie d’un contrôle sanitaire
minutieux et reçoit les vaccinations et traitements contraceptifs
nécessaires. Les résultats de l’observation clinique, des mesures
morphométriques et des analyses hématologiques, parasitologiques et
virologiques sont saisis, et constituent une base de données précieuse
et une source de connaissances sur chacune des espèces.
En outre, depuis sa création, le Centre alimente une sérothèque unique
par les spécimens conservés et le suivi temporel des individus. Chaque
fois qu’un animal est anesthésié, un échantillon de sang est prélevé,
centrifugé et stocké à -80°C. Cette banque biologique permet d’effectuer
des analyses a posteriori à la recherche de pathologies inconnues au
moment du prélèvement, grâce aux avancées de la connaissance ou
technologiques du moment. A ce jour plus de 30 000 échantillons sont
ainsi disponibles pour les chercheurs.
La salle d'imagerie médicale
Le Centre dispose d'une salle de radiologie avec salle de développement
adjacente. La radiographie est surtout utilisée
dans le diagnostic et le traitement des fractures et luxations. Elle
nous a permis également d'étudier le développement osseux des grands
singes. Nous disposons aussi d'un échographe
performant, utile aussi bien dans le suivi de gestation que dans
l'exploration des affections abdominales. Enfin
le CDP vient de s’équiper d’un gastroscope vidéo, qui permet
l’exploration (et éventuellement la biopsie) des muqueuses stomacale,
rectale et colique.
La salle de chirurgie
Le bloc opératoire possède tout l'équipement nécessaire aux
interventions : instruments complets pour la chirurgie des tissus mous
et des tissus osseux, anesthésie gazeuse, monitoring opératoire
(tensiomètre, ECG) et réanimation, radioscope, microscope opératoire et
endoscope pour les chirurgies spécialisées.
Les interventions chirurgicales peuvent avoir lieu dans le cadre
des protocoles de recherches, elles sont alors souvent de courte durée
(ex : prélèvements de ganglions superficiels). En dehors des protocoles,
la chirurgie est essentiellement réparatrice (suture de plaies, greffes
de peau suite à des morsures, fractures, etc.).
ACTIVITES DE RECHERCHE
Les recherches menées au CDP
Le Centre collabore avec les unités de recherche du CIRMF et des
instituts internationaux (Institut Pasteur, CEA, INSERM, CNRS, IRD,
Université de Lyon, Université de Limoges, Service de Santé des Armées
en France, Université de Duke aux USA, etc.). Les primates, du fait de
leur proximité phylogénétique avec l’homme, représentent en effet des
modèles précieux pour toutes sortes d’études comparatives (pathologies
et comportements). Au delà des études des pathogènes sur cultures
cellulaires ou animaux de laboratoire, dans certaines conditions les
primates offrent des sujets de recherche uniques. Par exemple, certains
d’entre eux sont naturellement infectés par un virus de
l’immunodéficience acquise comme celui du SIDA chez l’homme, mais ne
développent pas les symptômes associés à cette maladie. La compréhension
de cette résistance présente donc un potentiel majeur pour des
applications en médecine humaine. Toutefois, pour des raisons
écologiques (Convention de Washington) et éthiques (animaux sociaux avec
un niveau cognitif très élevé), le recours aux primates est extrêmement
réglementé. Ainsi tous les protocoles de recherches menés au Centre sont
évalués par un Comité d’Ethique, un Comité Scientifique international et
répondent aux lois internationales relatives à la protection animale.
Des thématiques de recherches contextuelles et innovantes
Dans la mesure où le CDP appartient à une Institution Gabonaise,
les études menées au Centre concernent les maladies qui ont un impact
sur la Santé Publique de la sous région. Les
études en lien avec la santé publique menées sur les primates peuvent se
scinder en deux grands thèmes : l’étude des infections naturelles des
primates africains et la contribution au développement de molécules
innovantes.
- l’étude des infections naturelles des primates africains : Situé au
cœur de la région d’origine du HIV, du neuropaludisme et des émergences
Ebola, le CIRMF possède un cadre exceptionnel de travail. Ainsi, SIV
(Simian Immunodeficiency Virus), STLV (Simian T-Lymphotropic Virus),
Hépatites, SFV (Simian Foamy Virus), filaires et plasmodiums sont
étudiés depuis plusieurs années au CDP, aboutissant à des dizaines de
publications internationales.
- le développement de molécules innovantes : Le CIRMF s’investit
également fortement dans la recherche appliquée, avec des résultats aux
retombées internationales. Les principales études menées au CDP
concernent le VIH (développement de nouvelles thérapies, recherche de
microbicide, essai vaccinaux), le paludisme (étude d’immunogénicité
vaccinale), la maladie du sommeil (développement de nouvelles thérapies)
et le virus chikungunya (recherche thérapeutique).
Par ailleurs, des actions de recherches en primatologie propres
au CDP sont menées en permanence : éthologie, communication (olfactive,
visuelle, sonore), cycle sexuel, stratégies contraceptives,
écophysiologie, physiopathologie, etc. Toutes ces études visent à mieux
connaître les primates et ainsi mieux les protéger.
Le CDP et la conservation des primates
Les vétérinaires du Centre de Primatologie participent activement
à la conservation des primates au Gabon. Tout d’abord, certains primates
du Centre sont inclus dans des projets d’écotourisme au Gabon : trois
gorilles des plaines ont ainsi été envoyés au Projet Gorille du
Fernan-Vaz en 2000 et plus de soixante mandrills du CIRMF ont été
relâchés au Parc de la Lékédi en 2002 et 2006 (suivis à l’aide de
colliers radio émetteurs). Ces animaux sont devenus les ambassadeurs de
leur espèce auprès du grand public.
Par ailleurs, le Centre de Primatologie travaille en étroite
collaboration avec les sanctuaires et le Ministère des Eaux et Forêts. A
cet effet, le Centre accueille dans ses structures les orphelins de
chasse destinés à la réintroduction en milieu naturel pour une période
de quarantaine sécurisée ; en outre, les vétérinaires dispensent tout au
long de l’année des formations de biosécurité aux animaliers travaillant
dans les sanctuaires de grands singes. Enfin, sur un plan national, les
vétérinaires participent à la lutte contre le braconnage avec les agents
du Ministère des Eaux et Forêt à la fois par le biais de l’éducation
(diffusion dans les villages d’une malle pédagogique sur les grands
singes, création de plaquettes de rappel des lois sur la chasse) et le
renforcement de l’application des lois.
Alimentation et enrichissement du milieu au CDP
Le régime des primates du Centre est majoritairement constitué de
bananes qui sont les seuls fruits disponibles toute l’année en grande
quantité. Ainsi, chaque semaine ce sont plus de deux tonnes de bananes
de production villageoise, quelques fois distantes de plus d’une
demi-journée de route, qui sont acheminés au CDP. Ces fruits sont livrés
en régime encore verts et les agents du CDP en contrôlent la maturation.
De plus, 500 à 1000 kg d’autres fruits et légumes « sauvages » ou
de cultures sont proposés aux primates chaque semaine : papayes, amomes,
apouboulous, éboris, oranges, pastèques, ananas, aubergines locales et
violettes, atangas, goyaves, mangues, melons, concombres, avocats et
pamplemousses. Enfin, dans la mesure où les chimpanzés et les mandrills
sauvages ont aussi un régime carné (antilopes et colobes pour les
chimpanzés, batraciens, insectes et rongeurs pour les mandrills), un
complément protéique à base de tourteau de soja et de farine de blé est
préparé tous les jours. Deux repas sont ainsi donnés quotidiennement aux
primates. En dehors de ces repas, les animaliers distribuent des
arachides, des glaçons parfumés au jus de fruits, de la mélasse et des
tiges d’aframomum (Aframomum sp.) et de costus (Costus albus), deux
plantes très appréciées des grands singes en forêt pour l’alimentation
et la confection de nids.
PRIMATES DU CDP
Chimpanzé (Pan troglodytes) - 56 individus
Moustac (Cercopithecus cephus) - 1
individu
Moustac (Cercopithecus cephus) X
Cercopithèque hocheurs (Cercopithecus nictitans) - 3 individus
Mandrill (Mandrillus sphinx) - environ 200
individus
Mangabey à collier blanc
(Cercocebus torquatus) - 3 individus
Gorille des plaines de l'ouest (Gorilla gorilla
gorilla) - 5 individus
Vervet (Chlorocebus aethiops) - 11 individus
Macaque crabiers (Macaca fascicularis) -
environ 30 individus
Macaques rhésus (Macaca mulatta) -
environ 30 individus
Source:
web officiel de
CIMRF
(2012)
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